Des terroristes signalés dans le Nord de la Côte d’Ivoire. Des attaques terroristes qui ont repris au Burkina Faso. Le Niger, le Mali, le Nigeria sur le qui-vive. Pendant ce temps, la Covid-19 poursuit son bilan macabre. Où va la CEDEAO ?
Dans un rapport publié à la mi-avril, le Fonds monétaire international (FMI) exprimait ses craintes de voir l’Afrique subsaharienne en récession avec un taux de croissance qui passerait de 2,4% en 2019 à une fourchette comprise entre -2,1 et -5,1%. Le taux le plus bas depuis 25 ans pour cette partie de l’Afrique. Un manque à gagner considérable pour des pays dont le taux de croissance était compris entre 5 et 10% depuis 2011. A la même période, l’Union africaine faisait savoir que les importations et exportations de l’Afrique pourraient baisser de 35%. De quoi faire pâlir les pays dont les économies reposent sur l’exportation de matières premières surtout que notre capacité à les conserver laisse à désirer. Que ferions-nous des fèves de Cacao en Côte d’Ivoire ? Que feraient le Sénégal, le Burkina Faso, le Niger, le Mali de leur coton ?
Fort heureusement, le FMI a allégé la dette de 19 pays africains. Au même moment, le G20 a accordé un moratoire à 40 Etats africains. La Task force opérationnelle de l’Union africaine conduite par Tidjane Thiam, Ngozi Okonjo-Iweala, Donald Kaberuka et Trevor Manuel a engagé, le 11 mai 2020, une réunion sur une possible sur une possible suspension du service du remboursement de la dette par les pays africains à leurs créanciers privés internationaux. L’espoir est-il permis ? Une chose parait certaine : le paradigme de la mondialisation (inclusion, mobilité, interdépendance) a pu être mise à mal par la Covid-19. Pour combien de temps encore ? Dans un tel contexte, la CEDEAO devra démonter la puissance de son capital immatériel, sa résilience. Cela pourrait passer la réforme de son système éducatif.
Quel système éducatif pour faire face aux enjeux stratégiques de l’espace CEDEAO ? Répondre à une telle question sans recourir à la rhétorique demande un audit lucide et rationnel de l’existant. Quelle compétence pourrait-on acquérir dans une école de l’espace CEDEAO ? Ne pouvant établir pareille cartographie, nous nous contenterons du système éducatif ivoirien. Quelle réponse apporte l’école ivoirienne à la menace terroriste ? A la pandémie du coronavirus ?
A partir de ‘’la roue des compétences’’ (Claude Flück, 2002) comme viatique, nous appréhendons 4 types de compétences. Ce sont : les compétences techniques (1), les compétences organisationnelles (2), les compétences relationnelles et sociales (3), les compétences d’adaptation (4). Si les 3 dernières compétences sont transversales, les compétences techniques sont spécifiques. Elles marquent la différence d’un poste à un autre. En établissant la nomenclature des emplois de nos forces armées, de nos médecins et pharmaciens ; la cartographie des compétences de ces corps de métiers, que remarquons-nous ? Notre système éducatif forme-t-il aux emplois pour faire face à la menace terroriste ? A la pandémie du coronavirus ? Permet-il d’acquérir les compétences pour y faire face ? A partir d’un benchmarking avec des puissances miliaires, des Etats déployant une ‘’diplomatie sanitaire’’ tels la Chine, la France, Cuba, la Russie…, quelles lacunes endogènes pourrions-nous mentionner ?
A partir de ces lacunes, il urge de repenser notre système éducatif en vue de l’adapter aux enjeux géostratégiques de notre époque. Acquérir ces compétences exigerait diverses formes de collaboration avec des Etats. Cela nous démontrerait la nécessité d’adapter nos outils, méthodes, procédures et contenus de notre système éducatif. Cela nous permettrait, non seulement de revoir la teneur des lignes budgétaires allouées à ces secteurs, leur gestion mais aussi la question de la synergie entre pharmaciens et tradi praticiens ; entre agents de sécurité communautaire et les forces armées nationales…
La Covid-19, la menace terroriste ne cessent de faire le procès de nos politiques publiques. Il est plus que jamais urgent de nous approprier ces thématiques en vue d’y remédier. Le fort taux de croissance remarqué de 2011 à 2019 s’y prête. Le système éducatif doit se professionnaliser et fournir des prestations de plus haute qualité aux entreprises ; ce qui nécessite une profonde réforme du système éducatif pour former des cadres prêts à relever le défi de la menace terroriste, de la covid-19.
Dr Sylvain N’GUESSAN