ADAPTER OU INVENTER L’ÉCOLE IVOIRIENNE ?

Share on facebook
Share on twitter
Share on linkedin

Cette analyse est essentiellement orientée à partir de 2 domaines de compétences : le management et la géopolitique. Il s’agira, de manière brève, de mettre en relation les compétences universitaires en relation avec les besoins des populations. La question de l’employabilité.

Assez rapidement, il y’a 3 grands niveaux d’activités : -le niveau stratégique, -le niveau tactique et -le niveau opérationnel. Diverses compétences vont avec. Celui qui exerce au niveau stratégique n’a pas besoin des mêmes (niveaux de) compétences que celui qui est au niveau opérationnel. Quel niveau stratégique devrait viser l’école ivoirienne ? Cette question nous amène à nous orienter vers la notion de puissance. Qu’est-ce que c’est, la puissance ? Au sens où l’entend Serges Sur (1995), la puissance est essentiellement une capacité : -capacité de faire, -de faire-faire, -de refuser de faire, -d’empêcher de faire. Si NOTRE Côte d’Ivoire veut influencer, devenir puissante, son système éducatif doit viser la conservation et la transformation de ce que nous produisons.

Nous devrions donc définir la cartographie des compétences, la nomenclature des emplois à susciter en fonction de ce que nous produisons : que/quoi faire du cacao ? A partir de ce moment, nous définirons notre école dans l’objectif de conserver et de transformer nos fèves de cacao, notre café, hévéa, anacarde… Nous aurions donc des bac cacao, café, hévéa, anacarde, vivrier, élevage… Divers outils nous aideraient sur ce sentier : GPEC, BCG, 4P, SWOT, PESTEL, méthode Hay… Partant de ce que nous produisons et à partir de la pyramide de Maslow, nous inventerions l’école ivoirienne qui positionnerait la Côte d’ivoire sur la planète Géopolitique et, partant, définirait notre stratégie de puissance de termes de Soft, Smart et Hard power… Comment adapter le système universitaire existant ?

Un enseignant d’université (de ma génération) reçoit essentiellement un enseignement théorique. Après le doctorat, il peut être recruté par le ministère de l’enseignement supérieur (en collaboration avec le ministère de la fonction publique). Il est recruté sur la base de sa spécialisation en thèse et donc sur la base des besoins de son département. Il ne bénéficie d’aucune autre formation avant d’être mis à la disposition de l’université où il est recruté. Comment un monsieur qui n’a reçu qu’un enseignement théorique doit-il s’arranger pour dispenser une formation pratique de sorte que ses étudiants puissent intégrer directement le marché de l’emploi (déjà chétif) ?

Le ministère de tutelle pourrait décider de ne plus recruter de docteurs pour se focaliser sur les cadres du privé, les diplomates, les gradés de l’armée, les Ingénieurs (diplômés des écoles d’Ingénieurs, de commerce, de gestion). Ces formateurs parviendront à former à certaines expertises que recherche le chétif marché du travail. Si l’on continue de recruter les docteurs sortis de nos universités, il faudra comprendre que la « prétendue adaptation » de notre école n’est que pure distraction. Il faudra multiplier les écoles de commerce pour susciter des expertises pour le marché du travail… Maintenant, il y’a la zone grise. 4 UV pour nos docteurs et 4 UV pour les cadres du privé…

Nous n’en sommes pour le moment pas là. Notre université diffuse essentiellement de la culture avec une certaine chance pour certains de s’intégrer directement sur le marché du travail pendant que d’autres suivent des formations complémentaires en vue de s’insérer. Tout ceci est basic. Tant que notre école ne se focalisera pas sur la conservation et la transformation de ce que nous produisons, nous tournerons en rond avec un chétif marché du travail. Et, ce ne sont pas les certificats obtenus après 8h d’échanges qui y changeront quelque chose…

Dr Sylvain N’GUESSAN