L’identité ivoirienne entre ethnie, tribu, religion et nation…

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Il est tout à fait normal qu’un Etat analyse les contours de son identité. Cette démarche s’impose d’ailleurs pour plusieurs raisons. Un Etat responsable doit planifier ses infrastructures, ses écoles, ses centres de santé, sa stratégie relative à l’employabilité de ses citoyens… Cela exige une étude démographique qui implique, en soi, la question identitaire. Tout Etat qui se respecte apprend à se projeter à partir de ces données.

 

La Côte d’Ivoire (qui aspire à l’émergence) devra mener sereinement ses études. Seulement que ce débat n’est pas simple au pays d’Houphouët. Cette question a été biaisée depuis de si longues années. Quand on y ajoute la récupération politicienne, il devient encore plus complexe d’en démêler les fils. En dehors des enjeux purement électoraux, que peut faire la société civile pour apporter sa modeste contribution ?

 

Le débat se pose à trois (3) niveaux : ethnique, tribal, national. Pour plusieurs parmi nous, le qualificatif d’humain s’arrête aux limites de son village (Alain Finkielkraut). Quand on y ajoute les vicissitudes de l’Etat importé (Bertrand Badie), on comprend les difficultés qu’il y’a à susciter la cohabitation de ces différentes perceptions sans suspicion, repli, rejet. L’identité se perçoit d’abord au niveau du village. Elle peut être facilement étendue à l’ethnie, à la tribu. L’effort est ensuite fait pour l’appréhender au niveau national.

 

Généralement, l’identité s’appréhende sous le prisme des noms pour la plupart. Nommer, dit-on, c’est situer géographiquement, et donc dans un espace. Or, l’identité est une affaire de ‘’papier’’. Il est dès lors possible de porter un ailleurs qui ne ‘’sonne pas local’’ et avoir les ‘’papiers’’ requis pour être Ivoirien. On peut ne pas être originaire d’une tribu locale et être Ivoirien parce qu’on a les ‘’papiers’’. Il ne faudrait pas sous-estimer le piège de l’identité à travers la religion.

 

Pendant longtemps, certains Ivoiriens se sont définis par rapport à leur religion. A ce titre, des citoyens estiment que l’élément le plus important pour définir la nationalité, c’est son appartenance religieuse. A ce titre, les privilèges liés au fruit de la coopération devraient revenir à certains groupes religieux. D’où l’impérieuse idée de l’Etat pédagogue.

 

L’Etat doit éduquer ; la société civile également. Pour espérer avoir des résultats, il faudra avoir un Etat neutre qui suscite la gestion par les compétences et non par la préférence ethnique, tribale, régionale. Il faudra amener les uns et les autres à comprendre que l’identité ivoirienne n’est pas une affaire ethnique. Une ethnie n’est pas plus ivoirienne qu’une autre. Tous les privilèges ne devraient donc pas être attribués à une ethnie pendant que les autres vivent dans la précarité.

 

Sylvain N’GUESSAN, Institut de Stratégies
prospectiveinfos@gmail.com

 

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